Nos traditionnels vœux de bonne année au réseau des centres sociaux prennent au regard de l’actualité récente, une dimension particulière.
Nous sommes conscients qu’au-delà de l’unité nationale affichée par les manifestations du 11 janvier, notre société française souffre de nombreuses fractures. Les centres sociaux en vivent directement les conséquences, par leur implantation au plus près des habitants. Nous pouvons imaginer les causes complexes et multiples qui peuvent mener au désespoir et à la violence, contre soi ou les autres.
Les événements récents dépassent largement notre société, dans un contexte de communication mondiale accrue où, paradoxalement, certaines idées qui nous sont chères, comme la liberté d’expression et de conscience, ne sont pas, loin de là, universelles.
Face à ces défis, les centres sociaux doivent être à la hauteur des enjeux en restant fidèles à leurs valeurs – dignité humaine, démocratie et solidarité -, en les incarnant au quotidien dans leurs pratiques.
Chaque centre social a la responsabilité de s’interroger sur ce qui peut être mobilisé, ce qui peut être inventé, tenté. Demain, il ne s’agit surtout pas de faire «encore plus de la même chose », mais au contraire, d’innover. Quel sens donner à notre présence sur le territoire? Que voulons-nous développer? Avec qui? Voilà les questions qui peuvent nous guider.
Il nous semble qu’une partie de la réponse à ces questions se situe dans la création d’espaces d’écoute, de dialogue et de débat entre les citoyens. « Personne n’éduque autrui, personne ne s’éduque seul, les hommes s’éduquent ensemble par l’intermédiaire du monde. » écrivait le pédagogue Paulo Freire. C’est exactement ce qu’ont fait de nombreux centres au lendemain des attentats en ouvrant des espaces de parole et de débats avec les habitants de leur territoire.
Pour pouvoir exercer une dimension éducative et citoyenne, ces espaces de débats doivent accueillir des sensibilités, des points de vue différents, dans le respect des convictions de chacun mais sans évacuer les questions qui peuvent déranger. Acceptons d’écouter les désaccords, allons même les chercher, animons leur confrontation avec la perspective de les rendre féconds.
Sachons renforcer notre capacité à faire vivre de tels débats et à porter dans l’espace public les paroles et les envies d’agir qui en sont issues. C’est d’ailleurs le sens de notre nouveau projet fédéral. Au-delà de l’émotion légitime née des attentats parisiens, et du sentiment d’urgence qui l’accompagne, inscrivons cette mobilisation dans le temps long, car les transformations que nous visons le nécessitent.
C’est avec gravité et détermination que nous souhaitons à toutes et tous que l’année 2015 voit progresser notre engagement pour la justice sociale et la fraternité.
Claudie MILLER, Dominique GARET, Sébastien CHAUVET, Jean NEYRON,
membres du Bureau de la FCSF